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des mots et des blancs dessous
8 octobre 2008

Sur la photo en bas à gauche

Il ne manquait plus que ça, et dans le journal encore bien. Je me disais, mec si t’as pas trouvé de quoi remplir la grande gueule de ce connard d’inspecteur avant demain matin, gare à tes fesses. Et bien là, j’avais de quoi lui clouer le bec que même à ‘SOS Répar’ ils pourraient rien pour lui. Il est là le putain d’indice, dans le papier de ce fouille merde de Durieux – enfin pas dans l’article, ça tout le monde s’en fout – c’est sur la photo, en bas à gauche, le miroir de l’armoire, y’a une trace de main. D’accord, faut bien regarder, mais c’est pas croyable, les mecs de la boîte, ils ont mitraillés tout ce qui ne bougeait plus, à commencer par cette pauvre vieille à qui on avait mis la tête sous le paillasson en appuyant bien fort pour être sûr qu’on la trouverait pas, et bien pas un seul cliché qui montrait cette putain de main à quatre doigts. Comment ont-ils pu rater ça ? Cinq jours qu’on s’est cassé le cul pour trouver quelque chose, résultat : que dalle ! et l’autre ignoble qu’arrêtait pas de gueuler que si samedi on avait rien, on allait voir. Tu parles… Je vais la lui mettre dans la gueule moi l’armoire et la main avec ! Faut dire, pour être de bon compte, que Conchita, elle nous a pas facilité la tâche. Imaginez. Elle entre dans la chambre, elle trouve la vieille la tête en forme de crêpe bretonne et qu’est-ce qu’elle nous fait ??? elle range, elle frotte, elle astique, elle pomponne, elle désodorise, elle refrotte, elle essuie. Plus rien qui nous restait, encore un peu elle reperruquait la vieille qui ni vue ni connue aurait terminé sa sieste sans plus être dérangée. Et nous on la regardait faire, on en revenait pas…du jamais vu. C’est quand elle nous a demandé si on voulait bien sortir, le temps qu’elle passe l’aspirateur qu’Antoine, ça l’a contrarié. Il lui a mis une droite tellement droite qu’à côté d’elle, la vieille avait tout à coup l’air plus sympathique. Mais ça n’a pas duré. Pensez, ça faisait bien cinq heures qu’elle devait chercher sa tête sous le paillasson, et à cet âge là, vous savez ce que c’est, on ne retient plus tout ce qu’on veut. Alors, épuisée, elle a tout lâché. Tout est parti. Tout je vous dis, et nous aussi. On n’en pouvais plus, j’sais pas ce qu’elle avait bouffé la vieille, mais jamais je donnerais ça à mon chat, jamais. Enfin, on est sorti en gueulant bien de toucher à rien, surtout à Conchita ; mais pour être sûr Antoine a balancé l’aspirateur par le fenêtre « On sait jamais ! » qu’il a dit. Personne a relevé. Il est comme ça Antoine, quand quelque chose n’est pas à sa place, il balance. La dernière fois, c’était chez Gino, le bar où on rallonge nos journées quand elles sont trop courtes. Y’avait un type qu’arrêtait pas de chanter. Ca n’a fait ni une ni deux, il lui a mis la tête dans le juke-box, entre Franck Sinatra et Dario Moreno. A sa place, j’aurais pas été à mon aise, pensez, le type c’était plutôt le genre Parsifal qui le branchait, rien à voir avec Sinatra ou Moreno. J’y connais pas grand chose, mais Parsifal, on m’a dit que c’est l’histoire de la quête du Graal, et bien le type, on peut dire que la coupe elle était pleine et qu’Antoine, ben c’était la grosse goutte qui l’a fait déborder. Soit, on avait donc laissé les deux femmes se remettre de leurs émotions. Quand on est revenus, la vieille, ses esprits, elle les avait définitivement perdus. Conchita, par contre, émergeait dans une confusion toute ibère, à laquelle personne ne comprenait rien – mais bon on s’est bien douté que c’est sur nous qu’elle gueulait. Pour plus avoir à l’entendre, on lui a dit de partir. Et on a continué notre boulot pépère. Les gars du SAMU sont arrivés peu après, et ils ont embarqué la vieille. C’est là qu’on s’est dit qu’on aurait du attendre avant de renvoyer Conchita, parce que la vieille, dans son état, elle a pas pensé à emmener toutes ses affaires, et on peut dire qu’elle était dans de sales draps. Si je vous ai parlé de Gino, c’est pas pour l’opéra. Dans son bar, à gino, on peut dire que s’y arrête tout ce qui a de plus louche dans cette ville. Pensez, il est à 50 mètres de la prison, alors ça défile. Antoine et moi, on y passe souvent. On prend les Paris sur le prochain qui fera une connerie et qui se fera prendre. On peut dire qu’y en a qu’on pas de chance, aussitôt sortis aussitôt ils replongent. Question de style sans doute. Un jour Antoine, il a eu une idée. Il a demandé à Gino ; enfin demandé, maintenant que vous connaissez Antoine, vous aurez compris que cest pour la forme ; il a demandé de recouvrir ses tables de plaques de verre, comme ça on peut récolter les empreintes des louches et surtout de leurs potes qu’on encore rien fait mais que ça ne saurait tarder. Gino note le n° de la plaque et qui était où. Alors comme ça on sait qui travaille avec qui, ça aide pour les paris. Vous allez pas me croire ... les empreintes, vous savez à qui elles sont ? Au patron… c'est en récupérant la photo originale, on a pu avoir l'empreinte... Quand je vous disais que j’allais la lui murer moi sa grande gueule. Mais d’abord, faut que je parie avec Antoine, parce que ce coup-là, il pourra jamais trouver.
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